Les Croyances : Des Chaînes Invisibles qui peuvent nous entrainer vers l'Absolutisme
Dans le domaine de l'hypnose, où l'esprit se révèle dans toute sa complexité, les croyances occupent une place centrale. Je vous propose d'explorer ces structures mentales qui, bien souvent, dictent nos perceptions et nos actions sans que nous en ayons pleinement conscience. Cet article se penche sur un aspect fascinant et parfois sombre de la psychologie humaine : comment les croyances peuvent nous enfermer dans des certitudes tellement rigides qu'elles finissent par favoriser une pensée absolutiste. Comment, par un effet pervers, nous risquons de devenir pires que ce que nous prétendons combattre sans même nous en rendre compte. Nous examinerons ensuite comment cultiver le doute, inspiré de Descartes, et pratiquer la maïeutique socratique peut nous libérer de ces pièges, en favorisant l'écoute de l'autre et une vision plus nuancée de nos propres idées. À travers une analyse approfondie, nourrie de recherches en psychologie et en philosophie, nous verrons comment l'hypnose peut servir d'outil précieux pour déconstruire ces schémas et promouvoir une résilience intérieure.
Les Croyances Limitantes : Des Prisons Mentales qui Engendrent des Certitudes
Les croyances sont ces convictions profondes, souvent héritées de l'enfance ou forgées par des expériences répétées, qui modèlent notre vision du monde. En psychologie, on les qualifie de "limitantes" lorsqu'elles entravent notre potentiel en instillant des idées négatives sur soi-même ou sur les possibilités qui s'offrent à nous. Par exemple, des affirmations intérieures comme "Je ne suis pas à la hauteur" ou "Je ne mérite pas d'être aimé" génèrent des émotions telles que la peur, l'anxiété ou un sentiment d'impuissance, nous enfermant dans un cycle de procrastination et de manque de confiance. Ces croyances ne sont pas de simples pensées fugaces ; elles deviennent des certitudes absolues, des vérités incontestables qui filtrent notre réalité, nous empêchant de percevoir les alternatives.
Des études en psychologie cognitivo-comportementale montrent que ces croyances agissent comme des barrières invisibles, influençant nos émotions et nos comportements de manière automatique. Elles se renforcent par un biais de confirmation : nous ne retenons que les éléments qui corroborent nos idées préconçues, ignorant ceux qui les contredisent. Ainsi, une personne convaincue de son incompétence professionnelle évitera les défis, perpétuant ainsi sa certitude d'échec. Dans le cadre de l'hypnose, ces croyances limitantes sont souvent ancrées dans l'inconscient, et des techniques comme la suggestion hypnotique permettent de les identifier et de les recadrer, transformant des chaînes en opportunités de croissance.
Des Certitudes à la Pensée Absolutiste : Le Glissement vers la Rigidité
Lorsque les croyances se muent en certitudes inébranlables, elles pavent la voie à une pensée absolutiste, caractérisée par un raisonnement en noir et blanc, sans nuances ni concessions. Cette forme de cognition, souvent associée aux troubles anxieux ou dépressifs, transforme les opinions en dogmes, rendant tout débat impossible. Les certitudes nous procurent un sentiment de sécurité illusoire, mais elles nous isolent, car elles rejettent toute perspective divergente comme une menace. En psychologie, ce phénomène est lié à la rigidité cognitive, où l'individu perçoit le monde à travers un prisme binaire : "tout ou rien", "ami ou ennemi".
Des recherches approfondies indiquent que cette absolutisation des croyances peut mener à des relations déséquilibrées et à une stagnation personnelle, car elle empêche l'adaptation et l'apprentissage. Par exemple, une certitude comme "Les autres sont toujours mal intentionnés" non seulement amplifie la paranoïa, mais elle ferme la porte à l'empathie. Dans la pratique hypnotique, j'utilise des protocoles pour explorer ces certitudes, en invitant l'esprit à visualiser des scénarios alternatifs, brisant ainsi le carcan de l'absolutisme et favorisant une flexibilité mentale.
Devenir Pire que Ce Que Nous Combattons : L'Effet Boomerang de la Projection
Le piège le plus insidieux survient lorsque ces certitudes absolutistes nous poussent à projeter sur autrui ce que nous refusons en nous-mêmes, un concept central en psychologie analytique développé par Carl Gustav Jung sous le nom de "projection de l'ombre". L'ombre désigne ces aspects refoulés de notre personnalité – vices, faiblesses ou impulsions – que nous attribuons aux autres pour éviter de les affronter. Ainsi, en combattant avec ferveur ce que nous percevons comme un mal extérieur, nous risquons d'incarner précisément ce mal, devenant plus rigides, intolérants ou destructeurs que nos supposés adversaires.
Jung avertit que "l'erreur psychologique la plus dangereuse est la projection de l'ombre sur les autres ; c'est la racine de presque tous les conflits". Par exemple, une personne convaincue de lutter contre l'injustice pourrait, par excès de certitude, adopter des méthodes autoritaires, reproduisant ainsi l'oppression qu'elle dénonce. Des études contemporaines sur les obsessions et les projections confirment que, sans intégration de l'ombre, ces mécanismes mènent à une escalade de conflits internes et externes, transformant le combattant en son propre ennemi. L'hypnose offre ici un terrain fertile pour intégrer l'ombre, en guidant le sujet vers une acceptation consciente de ses parts sombres, évitant ainsi cet effet boomerang.
Cultiver le Doute et l'Écoute : Les Voies de la Libération Inspirées de Descartes et Socrate
Pour échapper à ce schéma destructeur, il convient de cultiver le doute comme un outil de libération, à l'image de René Descartes et de sa méthode du doute hyperbolique. Descartes proposait de douter de tout – sens, raison, existence même – pour atteindre une certitude indubitable : "Je pense, donc je suis". En thérapie, ce doute méthodique permet de questionner nos croyances limitantes, les dépouillant de leur aura d'absolu et ouvrant l'esprit à de nouvelles perspectives. Appliqué en hypnose, il favorise une remise en question profonde, où le doute n'est pas une faiblesse, mais une force qui affine notre vision du monde.
Complémentairement, la maïeutique de Socrate – l'art d'accoucher les esprits de leurs connaissances enfouies – invite à l'écoute active de l'autre pour démanteler les illusions de certitude. Socrate, par des questions habiles, révélait à ses interlocuteurs leur ignorance présumée, les menant à une humilité intellectuelle. En psychothérapie moderne, cette approche est vue comme une préfiguration des thérapies individuelles, où le dialogue maïeutique brise les certitudes et encourage l'empathie. Dans le cadre de l'hypnose conversationnelle, inspirée de ces principes, je guide le sujet à explorer ses croyances par l'écoute intérieure et extérieure, évitant l'absolutisme et cultivant une pertinence accrue dans sa pensée.
En intégrant ces pratiques, nous évitons d'être prisonniers de nos certitudes et devenons plus ouverts, plus résilient. L'hypnose, sert de pont vers cette transformation, en accédant à l'inconscient pour recadrer les croyances et promouvoir le doute constructif.
Conclusion : Au-Delà des Certitudes, Vers une Pensée Éclairée
Les croyances, si elles nous guident, peuvent aussi nous piéger dans un absolutisme qui nous rend pires que nos adversaires perçus. En cultivant le doute cartésien et la maïeutique socratique, nous apprenons à écouter, à questionner et à transcender ces limites. Chez Gaël Fréchet Hypnose, j'accompagne cette quête vers une liberté intérieure, où le doute n'est pas un ennemi, mais un allié pour une vision plus juste et harmonieuse du monde. Si ces réflexions résonnent en vous, explorez-les en séance : elles pourraient bien être la clé d'une transformation profonde.